La souffrance des victimes révèle l'inhumanité des bourreaux (Vidéo)
La Tunisie a connu une soirée exceptionnelle, jeudi 17 novembre 2016 en évoquant les abus pendant l'ère Bourguiba et Ben Ali soit de 1955 à 2013.
Pour la première fois de l'histoire de la Tunisie, les victimes de la torture racontent en direct leur triste vécu, et revenir sur la torture et le harcèlement dont ils ont fait l'objet ainsi que leurs familles tout le long de ces décennies, dans le silence total.
"Présentez des excuses et on pardonnera", ce sont là les propos du chercheur Sami Brahem lors de son intervention, pour revenir sur sa souffrance dans les prisons tunisiennes pendant le régime Ben Ali. Sami Brahem a été accusé d'être impliqué dans l'affaire "groupe de Mourouj" avec 60 autres personnes. Il a ajouté qu'il a été accusé suite à la saisie de pistolets qui remontent à l'époque coloniale, utilisés pour décorer et un fusil de chasse qui ne fonctionne pas. le procès était une mascarade et une tache noire pour la justice à cette époque.
Le témoignage du chercheur Sami Brahem était poignant et émouvant, il a évoqué son arrestation au début du régime Ben Ali. il a été victime de toutes sortes de tortures et notamment la torture sexuelle au sein du ministère de l'intérieur. Il a indiqué que ses bourreaux les ont réunis dans un même endroit, alors qu'ils étaient tout nus.
Brahem a également appelé ses bourreaux, dont il a omis de dire les noms à reconnaitre leurs actes et expliquer leurs motivations, pour qu'il puisse pardonner et tourner la page.
Ourida Boukadous est quant à elle la mère du martyr Raouf Boukadous touché par 2 balles au niveau de la poitrine, 8 janvier 2011 dans la ville de Rgueb à Sidi Bouzid, et abandonné au bord de la route. Ourida a déclaré que son fils appartenait au groupe "Adaawa wattabligh", dans une manifestation il a essayé de sauver son camarade arrêté par une unité spéciale envoyée dans la région pour contenir les mouvements protestataires, mais la balle était rapide et les manifestants ont été empêchés de le secourir. Ourida Boukadous a ajouté qu'elle n'abandonnera pas le droit de son fils et tient à voir les responsables de la mort de son fils jugés. Elle a poursuivi avec sa fameuse phrase, j'ai 4 garçons et je suis disposée à les sacrifier tous pour la Tunisie pour profiter de la liberté et une vie digne, et ceux qui qualifient cette révolution de "la révolution des affamés et de la brouette" n'ont pas tort puisque les intellectuels ont d'autres préoccupations.
L'épouse de Kamel Matmati a quant à elle déclaré que son époux, ingénieur à la STEG, a été tué à Gabes en 1991 et n'a été prévenu de son décès que 20 ans après et a obtenu un certificat de décès en 2016. Elle a affirmé qu'on leur a fait croire pendant trois ans qu'il était en vie, en leur demandant de lui ramener des vêtements et de la nourriture alors qu'il était déjà mort, elle a ajouté que sa tombe est toujours inconnue jusqu'à ce jour.
Le témoignage de l'ingénieur et opposant politique, Gilbert Naccache était également touchant, il est revenu sur ce qu’il a subi au lendemain de l'indépendance pendant la fondation du nouvel Etat bourguibiste.
Le Tunsiien d'origine juive a connu les pires sévisses dans les prisons de 1968 à 1979 parce qu'il appartenait à un groupe d'études et de travail communiste (Perspectives), on lui a retiré son passeport et interdit de voyager et de travailler, il a également été mis en résidence surveillée.
Des témoignages aussi poignants les uns que les autres, la vie de ces victimes a été marquée au fer rouge par les tortures et les sévisses dans les prisons tunisiennes, et attendent que justice leur soit rendue